Montpellier. Villeneuve-lès-M.Une Gardienne des richesses de l'Estagnol.Frédérique Malgoire veille sur une réserve naturelle, que le public découvrira dimanche 7
C'est, d'une certaine façon, son jardin secret, 78 ha dont elle a seule la clé, depuis treize ans. Un espace précieux, rare, belle étendue d'eau douce plantée de roseaux et noyée dans ce règne salé des étangs littoraux.
Frédérique Malgoire, pantalon de toile, veste épaisse marquée de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, est une ouvrière un peu particulière, le gardien attentif des richesses de l'Estagnol. Toute l'année, cette Villeneuvoise de 54 ans veille sur un territoire protégé depuis 1975, fermé au public sinon aux chercheurs, où s'épanouissent les oiseaux par centaines, près de deux cents variétés de plantes.
Son histoire doit au hasard, comme souvent, et à une viticulture déclinante. Les vignes paternelles qu'elle avait reprises, près des salins, pour des
raisins de table et de cuve, ne s'avéraient plus rentables, la dame, oenologue qui fut quelque temps celui du domaine du Chapitre, s'était « mise à la recherche d'un travail. À l'époque, une fois par an, l'association des chasses maritimes participait à l'entretien de la réserve et mon mari en était. C'est comme ça que j'ai appris que l'office cherchait quelqu'un. » L'organisme voulait une personne qui ait quelques connaissances des chevaux ; ce fut décisif.
Les chevaux sont là, approchent dès que sa silhouette se découpe sur le brun de la roselière. Chaque jour elle vient les voir, leur apporte en hiver les granulés qui suppléent modestement la pauvreté de la végétation. Sur eux, elle veille, compagnons de travail, en fait, dont elle dirige le pas et l'appétit à l'endroit de la réserve souhaité. « Leur rôle est d'ouvrir le milieu ; ils broutent et piétinent, empêchent qu'il se ferme, découvrent les eaux pour les canards » , tandis que certains espaces demeurent clos à l'adresse des nichées de passereaux, hérons, butors étoilés et autres blonjions marins.
Les camargues, c'est la partie sympa du boulot. L'entretien des 4 km de clôtures l'est moins, qu'enfoncent régulièrement les sangliers. Les mains souffrent dans le froid du moment... et plus encore quand il faut les plonger dans l'eau et assurer le suivi de sa qualité.
Heureusement, il y a les animaux.
Les cistudes, des « tortues que l'on a réintroduites. Chaque mois, je les positionne, grâce à l'émetteur dont elles sont dotées » : une saison de capture s'annonce, pour vérifier leur état de santé. Il y a aussi les papillons, « bon indicateur de l'état du milieu » , à compter une fois par semaine d'avril à septembre, et le suivi des populations d'oiseaux migrateurs et hivernants qui ont là un « espace de repos. Tout autour, c'est chassé. » Paisible. Presque trop. La solitude pèse parfois sur les épaules de Frédérique Malgoire.
Source:
http://www.midilibre.com/articles/2010/01/31/MONTPELLIER-Gardienne-des-richesses-de-l-39-Estagnol-1093356.php5